Et voilà, c'est parti pour de nouvelles aventures montagnardes. Pour ce premier jour des vacances 2007, la météo ne nous a pas gâtés avec des nuages qui rapidement se transformeront en pluies fortes. Nous avons longtemps hésité sur notre première destination d'autant plus que mon épouse souffre d'un mal de dos et que nous ne savions pas comment ce mal allait évoluer.

Notre choix se porte sur deux lacs de barrage, au dessus du village d'Aussois, les lacs du Plan d'Aval et du Plan d'Amont.

L'accès au village se fait après Termignon (D83), si vous venez depuis le col de l'Iseran, ou à partir de Modane (D215). Pour notre part, ce sera par Termignon. Nous traversons le hameau de la Sardière avec un monolithe qui attire ma curiosité mais qui restera insatisfaite pour cette année.

En arrivant dans le grand village d'Aussois, très animé, vous trouverez vers le centre, une route qui part sur la droite. La direction des lacs y est bien indiquée. La route est étroite et le croisement avec d'autres véhicules restent parfois délicat. Nous parvenons au premier barrage avec un belvédère offrant une vue sur le lac. Nous continuons en direction du second barrage. La route fait place à un chemin carrossable qui après 500 mètres nous dépose au pied du barrage. La pluie est là et nous patientons dans la voiture, tout en prenant notre repas.

La pluie s'est apaisée, il est temps d'aller se dégourdir les jambes avec cette petite balade bucolique. D'abord, c'est la fin de la piste qui conduit, tout en offrant une vue plus agréable sur le lac du Plan d'Aval, en haut du barrage dont l'accès est interdit. Nous prenons le chemin sur la rive droite. C'est un joli chemin bien vert et bien fleuri avec le lac de plan d'Amont en filigrane. Le sentier s'élève tranquillement. Sur la droite, masquée par les nuages, la dent Parachée et à son nord, les glaciers de la Vanoise. Nous parvenons au carrefour avec le GR5 (Grand Tour de la Haute Maurienne). Ce sera pour nous notre terminus car c'est désormais l'orage qui menace et qui nous pousse à revenir sur nos pas par le même itinéraire.

Quel dommage que nous ayons pu profiter de la beauté du décor mais ce n'est que partie remise ! Les autres jours nous permettront de nous rattraper. Revenons sur ce carrefour synonyme de retour pour nous mais qui part une météo plus clémente nous aurait permis de gagner de la hauteur (2330 mètres) tout en restant sur ce GR5. Plus haut, vers la Fournache, le GR part vers la droite par un balcon des plus agréables (enfin je suppose), sur environ 1,5 km. Il faut alors quitter le GR par un sentier qui part sur la droite et redescend vers la piste. Il ne reste alors qu'à rejoindre le pied du barrage pour reprendre son véhicule.

Le site du Plan d'Amont offre une vue sur la limite supérieure d'une forêt composée majoritairement de pins Cembro (Pinus cembra). Cette forêt abrite une grande diversité faunistique et floristique.

Cette cembraie résulte en partie de la déprise agricole qui, après la dernière guerre mondiale, fit diminuer la surface des terres pâturées ou fauchées. La mise en eau des barrages de Plan d'Amont et Plan d'Aval dans les années 50 contraignit également les agriculteurs du vallon à réduire, voire à cesser l'exploitation des prairies environnantes. La nature aidant, les pins Cembro ont colonisé peu à peu ce milieu, et notamment les versants situés sous le lieu-dit La Randolière, en rive gauche de Plan d'Amont.

Un arbre, un oiseau

© www.oiseaux.net

Conifère de haute montagne, le pin Cembro ou arolle, pousse entre 1700 et 2400 mètres d'altitude. Il présente une silhouette ovale large à la base et un feuillage vert bleuté. Ses longues aiguilles sont groupées par cinq. Son tronc est recouvert d'une écorce grise et écailleuse. Le pin Cembro et le casse noix moucheté sont indissociables. Ses cônes renferment de nombreuses graines fort appréciées, notamment par cet oiseau, le Casse Noix moucheté. Sa densité est estimée à un couple pour 10 hectares. Dès la fin de l'été et durant l'automne, ce corvidé collecte les graines qu'il enterre pour constituer ses réserves d'hiver. A chaque trajet, il en emporte jusqu'à une cinquantaine dans son jabot (poche sous la langue) et constitue un stock de plusieurs milliers de graines. Longtemps considéré comme un pillard, il est en fait un vecteur de dissémination. En effet, chaque hiver, 10 à 20% des graines cachées ne sont pas retrouvées et peuvent ainsi germer en petits bouquets de jeunes arolles.

Un patrimoine naturel d'exception

Les cembraies, naturellement clairsemées et lumineuses, permettent la croissance d'espèces végétales compagnes, soit de type buissonnant : rhododendron ferrugineux, myrtille ou genévrier nain, soit de type herbacé : ancolie des Alpes, homogyne des Alpes ou luzule de Sieber. Comme les autres essences forestières sont rares à cette altitude, la cembraie offre un refuge précieux à de nombreux animaux : écureuil, campagnol, pic épeiche ou bec-croisé des sapins se nourrissent de graines d'arolle, et le pic noir vient nicher dans les creux des vieux arbres.

Les menaces

Bien qu'en expansion, les cembraies présentent dans certaines zones des symptômes de dépérissement, notamment dans la formation des cônes et des graines. D'après certaines recherches, le jaunissement et le dessèchement des rameaux sommitaux (ou se forment les cônes) seraient dus à la pollution par les gaz, en particulier l'ozone.